Le Forum du Seto a été l’occasion d’en savoir plus sur les fiches « Conseils aux Voyageurs ».  Patrice Paoli, représentant du ministère des Affaires étrangères, a rappelé l’importance d’Ariane. Les TO restent partagés sur l’appréciation du risque par la France.

Pour les destinations, « dans 90% des cas, les fiches du ministère des Affaires étrangères (MAE) donnent le la », a déclaré Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde et vice-président du Seto  lors du Forum 2016. Il reste donc 10% sur lesquels les tour-opérateurs n’ont pas forcément la même perception que le Quai d’Orsay.

On l’a bien compris avec l’intervention de Folco Aloisi, directeur de la production Karavel/ Fram sur le cas de l’Egypte. « Les ventes reprennent chez nous depuis à peu près trois semaines. On reçoit beaucoup de demandes » avait annoncé Jean-François Rial. Même constat chez Kuoni qui connaît aussi de belles progressions sur ses croisières sur le Nil. Et pourtant, l’Egypte est en « jaune » (vigilance renforcée) sur le site du MAE alors que « Britanniques et Allemands remplissent à nouveau des bateaux sur le Nil, sans parler du balnéaire » interroge Folco Aloisi.

On retrouve là le grief qui avait été fait à l’automne 2014 avec l’affaire des cartes sur la vigilance étendue à  40 pays. Le statut d’un pays sur le site du MAE freinerait significativement les ventes. Pas forcément évident, quand a contrario les Français ne vont plus en Turquie alors que le pays est majoritairement en jaune. Ou bien lorsque clients et agences boudent le Maroc, pourtant en « vert »  (vigilance normale) à plus de 95%.

Recommandations de vigilance


Sur le site du Foreign Office, le ministère des Affaires étrangères britannique, si la couleur dominante pour l’Egypte est le vert (voir notre illustration) cela n’a pas le même sens qu’en France. Alors que dans la cartographie du MAE, le vert représente une « vigilance normale », sur les cartes britanniques, le vert signifie « vérifier nos conseils avant de voyager ».

En outre, la France utilise 4 niveaux de conseil (vigilance normale, vigilance renforcée, déconseillé sauf raison impérative, formellement déconseillé)  quand le FCO n’en affiche que 3 (vérifier nos conseils avant de partir, déconseillé sauf raison impérative, formellement déconseillé).

Ariane comme argument de vente?

Plus que d’autres, la France serait protectrice envers ses ressortissants. Patrice Paoli, directeur du centre de crise et de soutien au Quai d’Orsay, a ainsi expliqué que la France a une forte « tradition d’empathie et de soutien vis-à-vis de ses expatriés notamment ». Ses opérations d’évacuation sont d’ailleurs recherchées par les ambassades d’autres nations (Canada, Corée du Sud, Australie). Un sens de la responsabilité pour ses ressortissants qui serait plus distant chez d’autres Etats, comme le Royaume-Uni.

L’exemple du système Ariane va dans le même sens. En cas de problème sécuritaire ou de crise, le pays peut contacter ses ressortissants enregistrés sur le site du MAE. « Cela rassure les clients quand on leur présente le dispositif » explique Hélion de Villeneuve, DG d’Austral Lagons. Pour d’autres TO, parler aux clients d’Ariane serait « anxiogène ».

Des Français plus sensibles à la géopolitique?

On entend souvent cet argument de « la géopolitique ». Pour Jean-François Rial, patron du groupe VDM, le propos est à nuancer en fonction du type de clientèle et du type de voyage (séjour balnéaire, circuits…). Selon lui, l’exposition médiatique pèserait plus lourd plus que les fiches du ministère.

Dans le cas des Maldives, le jaune du MAE « n’arrange guère » les TO positionnés sur le balnéaire luxe. Cette « vigilance renforcée » liée au risque terroriste –pointé également  chez les Britanniques– est-elle plus défavorable que le rétablissement de la peine de mort pour les enfants? Difficile à dire.

En revanche, quel que soit le motif –climatique, sanitaire, marketing, etc.-, une destination peut progresser (Iran, Cuba) ou chuter (Chine, Turquie) très rapidement. Aux TO de pouvoir « être présents à différents endroits » conseille le vice-président du Seto, et aux agences de « se tenir informées ».

Qui fait les Conseils aux Voyageurs ?

Patrice Paoli a rappelé la fonction du site « Conseils aux Voyageurs », à savoir, « permettre de voyager dans les meilleures conditions possibles ».  Les fiches et cartes du site sont donc créées et mises à jour à Paris, au Centre de crise du MAE à partir des informations transmises par les ambassades et en croisant avec différents services ministériels (armée, intérieur, renseignement…). Normé Iso 9001, le processus de révision des cartes est soumis à audit.  Le site reçoit huit millions de visiteurs par an.

Source : http://www.quotidiendutourisme.com, publié MYRIAM ABERGEL, le 16/12/2016